« Toute œuvre volumineuse sort d’un petit noyau. Le Glossaire des patois de la Suisse romande remonte à un tout petit et très modeste travail que je présentai en 1888, comme étudiant dans son sixième semestre, à mon maître Henri Morf. Celui-ci, persuadé que la vie du langage doit être étudiée dans les parlers vivants plutôt que dans les anciens textes, et profitant de la proximité des patois fribourgeois, avait envoyé ses élèves l’un à Courtepin, l’autre à Grollay, avec une liste de mots latins qu’il s’agissait de demander à un sujet pour en étudier l’évolution locale. Ce fut le village de Dompierre qui m’échut. J’y fis mon apprentissage et je ne puis penser sans une certaine tendresse aux bonnes gens qui me donnèrent mes premières leçons de patois. J’avais bien, comme gamin, en vacances, entendu à Lignières ma grand’maman parler cette langue. Elle avait même l’habitude de m’adresser parfois la parole en patois, et quelques phrases me sont restées. Je ne me doutais pas que c’étaient là des fragments d’une langue qui allait m’occuper pendant toute ma vie. »
Louis Gauchat