1900-1911

Réalisation de l’enquête

Le temps est venu de récolter les matériaux pour élaborer le Glossaire. Les fondateurs se tournent donc vers la population romande.

Un mode de récolte innovant

La solution choisie pour la récolte des patois est celle d’une enquête par correspondance, méthode innovante et pragmatique. Elle devait permettre, selon les fondateurs, d’avoir accès à l’intégralité des patois romands. L’enquête se construit autour de questionnaires que l’on envoie à des volontaires prêts à donner des informations sur la langue qu’ils parlent. Et des correspondants, il en faut beaucoup, parce que pour rédiger le Glossaire, il est nécessaire de récolter le vocabulaire de toutes les régions romandes.

Un réseau de correspondants

Au cours de l’année 1899, les fondateurs sillonnent la Suisse romande à la recherche de volontaires. Ils se rendent chez des pharmaciens, des curés ou des instituteurs pour recruter des locuteurs intéressés par le projet. Ils sont soutenus dans leur démarche par les départements de l’instruction publique. Ces derniers se chargent d’envoyer des circulaires aux patoisants considérés comme les plus compétents. On leur demande de participer à la récolte et d’indiquer les noms d’autres personnes susceptibles de rallier le projet. Généralement, les personnes approchées acceptent facilement de devenir correspondants.

La récolte s’organise

Entre 1900 et 1911, les personnes s’étant annoncées pour participer à l’enquête reçoivent chaque mois par la poste deux questionnaires imprimés, un seul pendant les mois d’été parce que c’est la saison réservée aux travaux des champs. Chacun de ces questionnaires est dédié à une thématique spécifique comme la culture de la vigne, les fêtes religieuses ou encore les émotions. Durant les onze longues années de l’enquête, ce ne sont pas moins de 227 questionnaires qui sont envoyés aux correspondants. Ceux-ci reçoivent par la poste des petits carnets contenant des fiches détachables de couleur différente pour chaque canton. Ils doivent y écrire leurs réponses et les renvoyer au bureau du Glossaire. Les correspondants avaient aussi reçu une petite brochure contenant des instructions leur expliquant la meilleure manière de répondre aux questionnaires. Il y était indiqué qu’il fallait inscrire un seul mot par fiche, avec sa traduction en patois, sa définition et un petit exemple pour illustrer l’emploi du mot. Mais si la plupart des correspondants ont tenté de répondre avec soin aux questionnaires, la qualité des réponses varie beaucoup d’un patoisant à l’autre. Le chemin est encore long pour nos trois linguistes.