Un monde en transformation
Alors que le 19e siècle touche à sa fin, le monde se transforme à une vitesse vertigineuse. Des avancées technologiques et scientifiques bouleversent le quotidien et modifient le paysage, tandis que de profonds changements politiques, sociaux et culturels redéfinissent les liens entre les individus, allant jusqu’à toucher les langues qu’ils parlent.
Des patois menacés de disparition
Depuis des siècles, chaque Romande et chaque Romand grandit avec le patois de sa région comme langue maternelle. Selon les situations, ses compétences et ses besoins, la population utilise aussi le français arrivé en Suisse romande à la fin du Moyen Âge. La cohabitation entre ces langues est harmonieuse jusqu’à ce qu’au début du 19e siècle, la situation bascule. Des tensions apparaissent et l’équilibre se fissure. Les patois, porteurs d’une image pastorale et traditionnelle, semblent soudain devenus incompatibles avec l’idée que l’on se fait d’une société moderne et industrialisée. Leur usage recule alors rapidement au profit du français, qui, perçu comme la langue du progrès, s’étend de manière inexorable.
Un projet de conservation ambitieux
Philologue et amoureux des patois, Louis Gauchat s’alarme de cette situation irréversible. Il sait bien que l’on ne peut pas sauver une langue si les gens ne la parlent plus. Il souhaite cependant tenter de préserver les patois romands de l’oubli. Inspiré par des travaux menés lors de ses études, il a alors une idée complétement folle pour récolter ces langues avant qu’elles ne disparaissent totalement : réaliser un glossaire des patois de la Suisse romande.