Le zèle pour s’acquitter de la tâche varie d’un correspondant à l’autre. Les consignes reçues pour remplir les fiches sont diversement appliquées. Certains se contentent d’indiquer le strict nécessaire, soit le mot et sa traduction. D’autres respectent scrupuleusement le modèle à suivre et donnent des informations grammaticales et des exemples. Les plus investis demandent des fiches supplémentaires, parce les informations qu’ils souhaitent ajouter ne tiennent pas sur une seule fiche. Plusieurs des correspondants ont acquis, au fil du temps, d’excellentes compétences linguistiques. Ils les ont parfois mises à profit pour réaliser des travaux personnels sur leur patois. Les autres ont le plus souvent rempli leur mission avec application et ont persévéré durant les longues années qu’a duré l’enquête.
La qualité des réponses recueillies est inégale. Les travers les plus courants chez les correspondants consistent à donner le mot le plus évident sans approfondir les recherches pour en trouver de plus rares ou à manquer de précision dans les définitions. La transcription phonétique est aussi un problème pour beaucoup. Il faut dire que les règles données par les fondateurs pour la mise à l’écrit des mots patois sont difficiles à suivre. Alors certains les modifient pour en créer de nouvelles, qu’ils pensent mieux adaptées à leur langue. D’autres appliquent une graphie fortement inspirée du français, qui ne permet pas de transcrire les sons de leur patois avec exactitude. Malgré les qualités inégales des réponses, les matériaux de l’enquête peuvent être considérés comme très satisfaisants.
Les fiches renvoyées au Glossaire contiennent des données sur la langue et sur les réalités qu’elle reflète. À côté des mots, de leur traduction et de leur prononciation, les correspondants transmettent aux fondateurs une partie de leurs connaissances de la culture romande. Certains correspondants proposent des schémas détaillant des parties d’outils ou de costumes utilisés au quotidien par les patoisants. Souvent, des croyances anciennes sont expliquées et des dictons, proverbes et autres chansonnettes apportent des renseignements sur la sagesse populaire. C’est donc bien plus que des matériaux linguistiques qui ont été transmis avec les fiches des correspondants. Grâce à eux, le Glossaire est le dépositaire d’un patrimoine culturel d’une valeur inestimable.